On regrette que Shlomo Mintz ait gravé les sonates d'Ysaye aussi tardivement dans sa carrière. Il a perdu sa fraîcheur ; normal, me direz-vous, à 70 ans. Lorsqu'on a dans l'oreille ses enregistrements de chez DG, on est un peu décontenancé par la raideur de sa sonorité. Il y a des très beaux moments sonores mais cela semble fait tout en force, d'où ce sentiment d'inconfort.
Shlomo Mintz semble avoir pris l'orientation du modernisme dans son interprétation. C'est une interprétation passionnée, exacerbée par la force même de la musique début 20ème siècle d'Ysaye. Je réécouterai encore et encore, peut-être changerai-je d'avis. Pour l'instant, je trouve les versions de Zimmermann, Kristóf Baráti, et celle pourtant à feu et sang de Rachel Kolly d Alba moins éprouvantes. Shlomo Mintz dit avoir fait une synthèse de nombreuses interprétations. Un disque testament mais qui se gagne.